jeudi 1 octobre 2009

Grippe A/H1N1 : les tests rapides trop chers !

Dans mon précédent post, j'avais évoqué une expérience marseillaise de dépistage de la grippe basée sur une combinaison tests rapides + RT-PCR. Cette étude, plutôt bien menée, a permis d'évaluer les performances diagnostiques de la combinaison (ou accuracy en anglais, nouveau terme consacré par la littérature bio-médicale à ce sujet, si ça vous intéresse contactez KW, c'est lui le spécialiste) mais aussi de tester l'intérêt d'une organisation délocalisée. Elle a, comme il se doit, été publiée dans une revue à comité de lecture (PLOS).
En général, ce genre d'étude est discutée dans le Landerneau feutré des experts, parfois dans les couloirs d'un congrès ou, si ça vaut le coup, dans les staffs studieux de (certains) services de CHU. D'autres études viennent la compléter, la confirmer ou même l'infirmer ! C'est la routine scientifique. Mais cette fois-ci, ce n'est pas l'intérêt scientifique de l'étude qui a fait parler d'elle c'est plutôt son côté mercantile. Et ce n'est pas un obscur journal de microbiologie qui le relève mais le Canard Enchaîné ! Une complète nouveauté.
Les détails sont ensuite donnés par un article de la Provence : les premiers patients pris en charge par la nouvelle organisation ont été surpris par le prix des tests (283 euros, non remboursés). L'Hôpital marseillais arrête tout de suite l'expérience. Contacté par le journal, l'un des auteurs de l'article aurait déclaré :

"Je ne me suis pas rendu compte de l’importance de cette somme (283 euros). Et la secrétaire, au lieu de me dire "attention c’est trop cher", ne m’a rien dit".

Donc, si j'ai bien compris, pour mettre en place un nouveau test diagnostic, on réalise une étude sur 1000 patients, on s'entoure de toutes les précautions méthodologiques, on rédige un article, on essaie de le faire passer dans une revue. Une fois l'article publié, on laisse le soin aux secrétaires médicales de réaliser l'étude médico-économique afin de savoir si ce nouveau test est compatible avec les exigences du terrain.

Conclusion 1 : les secrétaires médicales devraient suivre un master spécialisé à Sciences Po,

Conclusion 2 : les articles c'est bien beau, mais comme le dit souvent KW, il faut être très prudent quant à leur utilité sur le terrain et ne pas oublier l'aspect financier,

Conclusion 3 : j'ai l'impression que les tests rapides ne seront pas remboursés de sitôt car les vaccins ont fait un trou dans le budget...


GdM
(va discuter avec les secrétaires)




4 commentaires:

Anonyme a dit…

Le mot "accuracy", en biologie clinique, n'a rien à voir avec les performances diagnostiques. Une telle méconnaissance interpelle le lecteur sur les réelles compétences de monsieur KW qui, je le crains, semble appartenir à la catégorie des faiseurs de directives qualité qui n'ont jamais mis les pieds dans un laboratoire.

On désigne par "accuracy" la qualité de l'accord entre les résultats d'une méthode analytique avec ceux d'une méthode acceptée comme méthode de référence. Une méthode est "inaccurate" lorsqu'elle présente soit une trop forte variabilité (imprécision trop élevée), soit un trop fort biais analytique (décalage systématique par rapport à la méthode de référence), soit les deux à la fois.

Bref, pour continuer à parler anglais : Inaccuracy = Bias and/or Imprecision.

Epsilon

GdM a dit…

@Anonyme alias Epsilon :
Well. La notion d'accuracy a été proposée par le groupe d'expert à l'origine de l'initiative STARD pour faire le tri parmi les centaines de publications bidons en biologie clinique. La majorité des biologistes de terrain, comme moi, n'ont pas (encore) à rentrer dans ces détails et la correspondance accuracy/ performances diagnostiques est pour moi suffisante.
KW, grand prince, n'en a rien à ba_t_re de vos récriminations et vous conseille d'ouvrir votre blog perso au lieu de vomir votre bile ici.
Best regards.
GdM

Alain a dit…

Cela faisait quelques temps que je n'avais pas "posté" et la lecture de ces articles sur cette fameuse grippe appelle de ma part quelques remarques.
En premier lieu, je trouve que le battage médiatique au sujet de la grippe A H1N1 s'essouffle un peu.
En second lieu et c'est tristement et toujours dans l'ordre des choses, amis biologistes, nous avons été bien mis au ban de cette affaire. Regardez les officinaux qui font de la pub radiodiffusée sur leurs actions en faveur de la limitation de la diffusion du virus. Ils rappellent par un message pas si mal ciblé qu'ils sont là pour donner des conseils de prévention et vendre le petit matériel et du SHA. Si ils ne le vendent pas et qu'ils le donnent mille excuses auprès de mes Confrères officinaux. Mais la campagne médiatique existe et leur a permis de sortir un peu de l'anonymat dans lequel les pouvoirs publics les avaient placés dans l'affaire Grippe A H1N1. Et les labos dans tout ça ? Rien.. Remarquez, on n'a pas grand chose à offrir non plus...
Et notre réforme ? Où en est elle ? Quelqu'un a t il des informations fiables sur l'évolution de ce fameux décret ?
Avez vous entendu les sombres messages de la Cour des Comptes au sujet des tarifs des analyses médicales ? Et le lien avec l'ouverture du capital des labos ? Qui serait un frein à la diminution des tarifs car empêchant de nouveaux "gains de productivité" (que j'ai horreur de cette expression) en empêchant le regroupement des labos ?
Tout cela m'inquiète beaucoup plus que la problématique de la grippe A H1N1.
Autre aspect du problème et sans vouloir faire d'amalgamme un peu hâtif, le milliard et demi d'euros que les pouvoirs publics ont débloqué pour acheter les 95 millions de doses de vaccins risque là aussi d'être une perte financière énorme. L'organisation de cette vaccination de masse est extrémement complexe, coûteuse (quand démarrera t elle ?) et personne n'est sûr aujourd'hui de son efficacité ni du nombre de personnes qui sera vaccinée. Ah sacro saint principe de précaution ! (Qui un jour évaluera le coût dans tous les domaines de notre société de ce fameux principe de précaution ?)
En ajoutant à cela le déficit abyssal de la sécu (20 milliards d'euros), il faut trouver de l'argent partout. Alors allez hop, un petit tour de vis sur la biologie : 100 millions d'euros contre 21,5 milliards d'euros, que je suis fier d'apporter mon écot à l'économie nationale. Mais à quel prix pour mon petit labo de province !!!!
Avec cette réforme extrêmement coûteuse pour nous, où va t on ches amis biologistes ?

GdM a dit…

@Alain :

Merci pour votre post. Moi non plus je ne parle plus de la réforme de la biologie et me consacre aux demandes des lecteurs : des infos structurées sur la grippe H1N1 ! Mais i lva bien falloir s'y remettre un jour. Que disent les syndicatts ? Ils me semblent bien silencieux, non ?!
Avez-vous des nouvelles de l'ordonnance ?