vendredi 30 janvier 2009

Biologie financière : La Commission Européenne veut passer en force.

La Commission européenne a choisi le jour où plusieurs centaines de milliers de Français battent le pavé pour sortir un communiqué lapidaire concernant la réforme de la biologie. C'est le journal Les Echos qui a vendu la mêche en reprenant une dépêche de l'AFP :
La Commission a donc décidé de foncer et de ne plus attendre les promesses du gouvernement d'ouvrir à tous vents le capital des laboratoires. Elle a donc mis sa menace à exécution et saisi la Cour de justice. Pour vous, chers lecteurs, et pour que nous puissions nous faire notre propre idée de la situation, j'ai retrouvé le communiqué d'origine, intitulé :
Que reproche-t-elle à la France ?
Officiellement un problème de calendrier. La France devait lever la restriction de détention du capital des laboratoires aux seuls biologistes dans une réforme de la biologie médicale qui devait intervenir au début de 2009. Or, le communiqué indique :
"Récemment, les autorités françaises ont indiqué ne* être en mesure de respecter ce calendrier sans fournir d'indication permettant d'envisager l'adoption rapide d'une telle législation"
(*Remarquez au passage que les rédacteurs, dans leur précipitation, ont oublié le mot "pas"...c'est mon côté maniaque sémantique)
Ou en est ce calendrier ? D'après le site de l'assemblée nationale, le projet de loi HPST devrait être examiné (expédié?) du 10 au 12 février en 7 séances publiques. Une fois adopté, l'ordonnance serait rapidement promulguée et d'après une source proche du dossier, son contenu est déja rédigé et a tenu compte des diverses réunions qu'anime régulièrement M. Ballereau.
Officieusement, la précipitation de la Commission viendrait du contenu de cette ordonnance. En effet, les 7 verrous prévus initialement par le rapport Ballereau et les divers messages et signes (réponses de Mme Bachelot aux députés, Conclusions de l'Avocat Bot) qui ont laissé entendre qu'au final, l'ouverture du capital n'était pas acquise auraient irrité Bruxelles...ou les lobbies concernés. En effet, comment expliquer la réactivité de la Commission sur ce dossier ? Peut-être par une bonne "couverture locale" de l'actualité biologique franco-française et une remontée régulière des informations accompagnées d'arguments convaincants et d'un calendrier d'action. La théorie du timing s'applique encore puisque l'Ordre des pharmaciens, qui s'est érigé comme rempart institutionnel contre l'ouverture du capital, est également poursuivi pour entrave à la concurrence.
Ainsi la profession, à travers son ministère de tutelle et une grande partie de ses représentants, est prise en tenaille. Fou prend Reine, Echec au Roi !
Le dossier prend encore un virage à 90° et c'est finalement l'ouverture du capital qui revient au premier plan laissant de côté tous les autres sujets de la réforme. Cette ouverture du capital et la pression européenne devraient être au centre de la discussion parlementaire de l'article 20. Certains députés seraient prêts à déposer des amendements pour supprimer purement et simplement cet article.
Rendez-vous le 10 février sur LCP.
GdM

mardi 20 janvier 2009

Biologie Financière : Rue89 prend le relais de la presse.

Après la presse régionale, Rue89 leader de l'information et du débat participatifs a mis en ligne sur son site spécialisé Eco89 un article bien écrit qui fait la synthèse sur l'ouverture du capital des laboratoires. L'idée maitresse que défend l'auteur (une biologiste) est que les spéculateurs veulent rebondir rapidement après la crise faisant de la santé leur proie prioritaire. Les laboratoires ne seraient qu'une première étape d'un "plan" d'investissement. Merci au fidèle lecteur qui m'a envoyé le lien.
J'aimerai ajouter un commentaire : il est possible que "les prédateurs de la biologie" soient obligés de revoir leurs plans et ce, pour deux raisons :
- le contexte reglementaire est instable : loi HPST non votée encore, ordonnance sur la biologie non ficelé, argument européeen fissuré...
- le contexte financier est (très) mauvais : le crédit est rare et difficile à obtenir (d'ailleurs les banquiers sont convoqués aujourd'hui à l'Elysée pour, peut-être, se faire tirer les oreilles). Or, un spéculateur, quel qu'il soit, a besoin de plusieurs banques pour financer ses investissement (rappellez-vous l'histoire de LBO et de dette mezzanine que j'ai racontée dans mon post du 30 octobre dernier).
Les biologistes vont obtenir ainsi quelques mois de sursis mais il n'est pas question de s'endormir sur ses lauriers. Il faut prendre le temps de lever la tête et de réflechir tous les jours un peu (30 min?) sur les différentes options possibles dans son propre territoire de santé. Prenez un crayon et un papier et mettez par écrit toutes les options des plus favorables...aux plus pessimistes.
GdM
(taille son crayon)

samedi 17 janvier 2009

L'Article de la Dépêche du Midi : vous pouvez réagir on-line.

Suite à mon post d'hier au sujet de l'article de la Dépêche du Midi et grâce à la perspicacité d'une lectrice assidue (que je remercie), je vous confirme que vous pouvez laisser vos commentaires en toute fin de page. Allez-y, ça vaut le détour!

GdM

vendredi 16 janvier 2009

Réforme de la biologie médicale : la presse régionale en parle enfin !

Grâce à l'efficacité de nos confrères et consoeurs de la région midi-pyrénées, le célèbre quotidien régional La Dépêche du Midi a mis en ligne un article qui traite de l'ouverture du capital des laboratoires d'analyse et de son impact sur l'offre de soins.
Les points positifs :
- Il donne la parole aux représentants locaux de la biologie médicale ainsi qu'au député de la Haute-Garonne qui a interpellé la Ministre à ce sujet.
- Il identifie les deux chaînes qui projettent de restructurer l'offre de la biologie.
- Il dévoile le projet confidentiel (qui ne l'est plus du coup!) du fond Acto Capital, filiale de Groupama, qui explique la stratégie de la prise de contrôle des laboratoires d'analyse.
- Il donne l'exemple de la pression qui régne dans certaines cliniques rachetées par des fonds de pension.
Les points négatifs :
- Il y a une erreur dans le titre puisqu'il y est question de "laboratoires pharmaceutiques" et non pas de laboratoires de biologie médicale. Les abonnés de la Dépêche vont croire que Sanofi et Pierre Fabre, les deux industriels "du coin", sont en train de se faire racheter !
- Il n'a y a pas de renvoi vers le site de la santé aux enchères qui est le support de communication de l'intersyndicale des biologistes.
- Il n'y a pas de possibilités de commentaires qui aurait pu permettre aux internautes de répondre et d'apporter des éléments complémentaires, bref, de faire un peu de "buzz".
Finalement, voilà enfin un article orienté vers le grand public et qui va dans le bon sens contrairement aux précédents parus dans Capital ou l'Express. Les grands aspects du problème y ont été traités, à quelques exceptions près. Si, par exemple, les biologistes de la région sud-ouest l'affichent dans leur salle d'attente, ils pourront informer les patients et susciter la discussion.

GdM

jeudi 15 janvier 2009

Succès en FIV : l'âge de la femme reste un critère important.

Actuellement, les professionnels de la FIV recueillent le taux de grossesse par cycle comme critère de "performance" de leur activité. Cependant, il est plus intéressant pour le couple qui consulte de savoir quelle sont ses chances d'avoir un enfant sur l'ensemble du parcours, c'est-à-dire, le plus souvent après plusieurs tentatives.
Un article récent du New England Journal de Medicine* tente de répondre à cette question avec une grande étude sur 6164 patientes ayant entrepris 14248 cycles avec FIV ou ICSI. L'équipe américaine (Boston, Massachussetts) a suivi les couples jusqu'à une naissance vivante ou l'arrêt du traitement et a calculé le taux cumulatif de naissance vivante après 1 à 6 cycles en fonction de deux hypothèses : une optimiste et une autre plus prudente (sur des critères d'analyse statistique).
Les auteurs montrent qu'au total, le taux cumulatif de naissance est en moyenne entre 49 et 62% après 4 cycles (selon l'une ou l'autre des hypothèses), et entre 51 et 72% après 6 cycles. En stratifiant en fonction de l'âge, les résultats sont en faveur des femmes les plus jeunes puisque en dessous de 35 ans, le taux de naissance après 4 cycles est entre 63 et 76% puis entre 65 et 86% après 6 cycles. Au delà de 40 ans, les taux se situent respectivement entre 21 et 32% puis entre 23 et 42%.
Une des conclusions des auteurs est qu'il y a une faible différence dans le taux cumulatif de naissance vivante entre 4 et 6 cycles et que surtout cette différence s'amenuise avec l'âge. Ils l'écrivent texto dans l'article : "Nos résultats indiquent que la FIV peut largement compenser la stérilité chez les femmes jeunes, mais elle n'inverse pas le déclin de la fertilité lié à l'âge".
Un expert a commenté cet article en indiquant que les auteurs donnent un critère objectif qui permet de discuter avec les couples et de les conseiller mais il exprime une réserve : ces résultats relèvent de l'expérience spécifique d'un centre limitant la "transférabilité" à d'autres centres.
Il faut rappeller, qu'en France, seules quatre tentatives sont remboursées par la sécurité sociale. A la lumière de cet article, on comprend que l'âge de la femme devrait peser d'un poids déterminant dans le recours à des tentatives supplémentaires.
GdM
*Cumulative Live-Birth Rates after In Vitro Fertilization.
Beth A. Malizia, M.D., Michele R. Hacker, Sc.D., M.S.P.H., and Alan S. Penzias, M.D.
NEJM, 2009, Volume 360:236-243.

mardi 13 janvier 2009

Réforme de la biologie : l'ouverture du capital n'est pas certaine.

D'après une source proche du dossier, lors de la dernière réunion de concertation, M. Ballereau aurait rappelé que "l'ouverture du capital ne fait pas partie de la réforme" car il souhaiterait faire passer les autres propositions de son rapport. Ces informations rejoignent les réponses écrites de Mme la Ministre de la santé aux députés qui l'ont interpellée sur le sujet et pourraient constituer un tournant dans le bras de fer qu'a engagé la profession pour garder son indépendance.
Deux sujets "chauds" auraient également été abordés au cours de cette réunion : la définition d'un "site" de laboratoire et les requêtes du COFRAC. Nous en attendons plus de précisions.

Les discussions avancent dans le bon sens notamment en ce qui concerne l'ouverture du capital . Cependant, dans cette attente crispante dans laquelle nous autres biologistes nous trouvons, des piques nous sont assénées dans les flancs. Comme nous avons les muscles bandés et les sourcils froncés, nous ne ressentons pas la douleur ou si peu. Vous l'avez compris, il s'agit de la baisse de nomenclature qui est parue au journal officiel de jeudi dernier. Nous avons jusqu'au 8 février pour modifier la cotation de 86 paramètres...une tâche ingrate et non rémunérée à laquelle s'applique à merveille une récente maxime populaire "travailler plus pour gagner moins".

GdM


mardi 6 janvier 2009

l'HAS définit la place de la biologie dans la prise en charge du cancer de la prostate.

L'HAS a publié à l'automne dernier, en collaboration avec l'Institut national du cancer, un guide pour la prise en charge du cancer de la prostate. Il repose sur des recommandations et des réunions de consensus récentes ainsi que sur l'avis d'experts pour les champs non couverts par les sources précédentes. Il faut rappeller qu'en 2006, 250 000 perconnes ont été prises en charge pour cancer de la prostate et que ce dernier représente la deuxième cause de mortalité chez les hommes.
L'intérêt de ce guide, qui se veut pragmatique, est qu'il remet les choses en place concernant les dosages biologiques et notamment celui du PSA.
Dans le bilan initial, les examens biologiques recommandés sont :
  • l'hémogramme,
  • la créatininémie (pour calcul de la clairance),
  • le PSA sérique total et je cite : "Le dosage du PSA total sérique est le seul marqueur inclus dans le bilan initial. Le dosage du PSA libre n’est pas recommandé en première intention pour le dépistage et n’a aucune utilité dans le suivi."
La prise en charge thérapeutique est définie en accord avec le patient et sur la base de l'avis rendu par la RCP (réunion de concertation multidisciplinaire). Elle repose sur un certain nombre de critères cliniques, anatomopathologiques, biologiques et d'imagerie, repris dans la classification de d'Amico. Pour la biologie, c'est le PSA total sérique qui est important, selon les seuils suivants : inf. à 10 ng/mL, entre 10-20 ng/mL, sup. à 20 ng/mL.
Dans le suivi, les dosages biologiques sont les suivants :
  1. Surveillance active pour traitement différé : le PSA est dosé tous les 6 mois avec calcul du temps de doublement, associé à un toucher rectal. Les critères biologiques pour initier un traitement curatif sont les suivants : taux de PSA > 10 ng/mL ou temps de doublement inf. à 3 ans.
  2. Surveillance après traitement hormonal (anti-gonadotrope) : Le PSA est dosé tous les 6 mois, associé en fonction du stade initial, à l'hémoglobine, à la créatininémie, à la phosphatase alcaline et à la calcémie. La cible du PSA n'est pas clairement indiquée dans ce guide, il met par contre l'accent sur l'appréciation clinique de la réponse à l'hormonothérapie et l'absence d'effets secondaires. NB : Certaines équipes dosent la testostérone pour vérifier l'effet anti-gonadotope maius le guide n'en parle pas.
  3. Surveillance après traitement curatif : Le PSA est dosé trois mois après le traitement, les cibles et le rythme de surveillance varient en fonction du traitement. Une crétininémie peut être demandée pour explorer le retentissement sur les voies réno-urinaires.

3.1 Après prostatectomie : Le PSA doit être indétectable (donc inférieur au dernier point de gamme !). Dans ce cas, le dosage est semestriel pendant trois ans puis annuel pendant 10 à 15 ans. Un PSA > 0.2 ng/mL qualifie un échec biologique qu'il convient de vérifier 3 mois après par un nouveau dosage. De la même manière, que toute élévation de PSA doit être vérifiée 1 ou 2 fois à 3 mois d'intervalle pour calculer le temps de doublement.

3.2 Après irradiation : Le PSA est dosé après 3 mois puis tous les 6 mois. La cinétique est particulière avec un effet rebond qui peut être observé (à cause de la destruction du tissu prostatique qui libère le marqueur) puis une évolution vers un nadir. Cette "descente" peut être très lente ( jusqu'à 36 mois). Un échec biologique est défini par "un PSA nadir + 2 ng/mL". Attention en cas d'hormonothérapie associée, cette cinétique n'est pas valable.

Pour ma part, j'ai lu avec très grand intérêt ce guide qui m'a permis de faire un peu le point sur les bilans initiaux et de suivi des patients. J'en retiens deux choses :

- le PSA total reste le gold standard alors que le PSA libre et autres marqueurs dérivés ne sont pas pris en compte,

- il est indispensable d'avoir un minimum de renseignements cliniques pour pouvoir interpréter le chiffre brut de PSA.

Merci l'HAS.

GdM

jeudi 1 janvier 2009

Excellente Année Biologique !

L'an 2008 s'en est allé, remplacée sur les douze coups de minuit (+1 seconde) par l'an neuf...2009 !
Comme le veut la tradition, je vous présente à toutes et tous mes meilleurs voeux de santé, de prospérité et de réussite dans vos projets professionnels (par exemple une belle certification Bioqualité ou pour les plus avancés une excellente accréditation 15189 !....).
C'est une année charnière pour la biologie médicale bien que rien ne soit encore certain : quel sera le contenu définitif de l'article 20 de la loi HPST ? Quel sera celui de l'Ordonnance qui doit remplacer la loi de 1975 ? Quelle sera la marge de manoeuvre de la profession ?
En attendant les réponses, toutes ces questions doivent guider notre réflexion. J'espère que ce blog y contribue, même modestement.
Bonne année !!
GdM