lundi 21 novembre 2011

La post-biologie arrive.

Amis Biologistes, bonjour.

"Aujourd'hui, les laboratoires se regroupent et créent des plateaux techniques parachevant ainsi la mutation irréversible de la biologie du XXème siècle. L'analytique se retrouve à l'étroit, serré entre un pré-analytique chronophage et un post-analytique aux contours flous. Il n'existe d'ailleurs quasiment plus, réduit à quelques chiffres alignés dans un dossier de validation : limite de quantification, CV de répétabilité/reproductibilité et parfois chez les plus hardis, incertitudes de mesure. Qui se soucie encore de la composition des réactifs ? De la spécificité d'un anticorps ? Plus grand monde. Ce qui compte c'est que l'automate reste connecté au SIL et qu'il n'y ait pas de bugs durant le week-end parce que la hotline du fournisseur de SIL, décentralisée à Dublin, ne répondra pas. Petit test au passage : comment avez-vous choisi votre méthode de dosage de la vitamine D ? Est-ce sur conseil de l'ingénieur commercial qui vous a assuré un temps de rendu rapide avec un coût au test minimal et que toutes les manières, les méthodes se valent toutes (sauf celle du concurrent direct qui aurait subi une alerte à la FDA...)? La biologie médicale que nous pratiquons tous les jours et sur laquelle repose 70% des décisions médicales s'effiloche au profit d'une post-biologie dont les prémices, déjà présents, vont s'agréger d'un instant à l'autre dans une rupture radicale. Cette post-biologie sera numérique, mobile, complexe, connectée et surtout proche du principal concerné...le patient. Elle sera une des applications santé du Web 3.0 dont une des définitions est "l'internet des objets". Vous me voyez venir, n'est-ce pas ? Allons plus loin.
Plusieurs millions de diabétiques prennent leur glycémie sur leur portable connecté à un centre (de diabétologie ? du fournisseur ? de l'association des diabétiques ? peu importe...), ils s'échangent leurs résultats sur Twitter demandant conseils et avis. Ils peuvent s'alerter, se féliciter, s'encourager s'en remettant à la sagesse de la communauté. Une équipe d'épidémiologistes peut recueillir en direct et exploiter les les centaines de millions de glycémies du réseau pour en tirer probablement plus d'informations que n'importe quel essai clinique, fût-il méthodologiquement parfait. Des dizaines de milliers de femmes enceintes pourront surveiller leurs urines en déposant quelques gouttes sur une sonde à usage unique reliée à leur Androïd, ECBU et protéinurie seront réalisées dans la minute. Idem pour la sérologie mensuelle de la toxoplasmose faite sur une goutte de sang capillaire. Saturation, bruits fœtaux, tension artérielle seront surveillés, compilés et tout écart transmis à la maternité la plus proche. Utopie ? Non, post-biologie. Les outils sont là. Hérésie ? Non, post-biologie. La demande est là. Au moins 2 milliards de personnes n'ont pas de laboratoire au coin de leur rue mais ils auront bientôt tous un portable. l'OMS l'a bien compris puisque qu'elle finance des projets de m-health. Alors, bientôt plus de laboratoires de biologie médicale ? Non, remplacés par des laboratoires de post-biologie, chargés d'explorer des données plus complexes : métabolomique, transcriptomique et autres signatures moléculaires. La bonne question n'est pas : qu'est-ce qu'il feront ? mais quand est-ce qu'il le feront ? "


Aïe, encore un cauchemar. 
Lire Science et vie avant de m'endormir ne me réussit pas trop. Demain soir, je reviens au Nova Comics de ma jeunesse.

(post-)Biologiquement vôtre.

GdM

mardi 15 novembre 2011

ECRL : Effet Collatéral des Regroupements des Laboratoires.

Amis biologistes, bonjour.

J'inaugure une nouvelle rubrique du blog à laquelle je vous invite tous à participer : ECRL pour effet collatéral du regroupement des laboratoires. L'exercice est intéressant car il y a des effets visibles et des effets non visibles, voire même impré-visibles !
Le tout premier effet non visible que j'ai perçu est le suivant : le rapprochement bancaire.

Les laboratoires qui se regroupent sont obligés de choisir une seule banque pour accélérer les remboursements et faciliter le travail des secrétaires/gestionnaires/comptables. Il va y avoir donc une diminution du nombre de comptes bancaires  professionnels. L'impact n'est pas encore clair mais il est probable qu'au final, une poignée de banques se partagent le marché des laboratoires entraînant à terme, par la faible concurrence, une augmentation du tarif de certaines prestations spécifiques (accès à la télé-transmission). Les tarifs de base devraient,  eux, mécaniquement augmenter du fait des nouvelles contraintes de solvabilité des banques mais cet effet concernera tous les détenteurs de comptes !

Si vous voyez d'autres ECRL, je suis preneur. Vous pouvez laisser un commentaire du style : nom de l'ECRL, type (visible, invisible, imprévisible), gravité (faible, moyenne, forte).
Biologiquement vôtre.

GdM


dimanche 13 novembre 2011

Semaine chargée pour la Biologie Médicale.

Amis Biologistes, bonjour.

La (petite) semaine qui  vient de s'écouler a été suffisamment chargée pour que je reprenne le clavier et vous livre ces quelques informations. Les Journées Internationales de Biologie  se sont tenues du 8 au 10 novembre dernier au CNIT-La Défense. C'est une des grandes occasions où la profession se réunit pour s'(in)former, débattre, découvrir les nouvelles techniques et les tendances. C'est aussi un thermomètre, certes pas très précis mais appréciable, de l'état d'esprit et du moral des laboratoires d'analyses.

Dès l'entrée, le ton était donné. Le Syndicat des Biologistes (SDB) a fourni aux participant un kit d’information destiné en priorité aux patients des laboratoires. Il s'agissait d'alerter les patients sur l’imminence de la fermeture de nombreux laboratoires de proximité en raison des regroupements en cours. Ils peuvent (les patients) exprimer leur refus en signant et en renvoyant une des cartes-manifeste gratuites contenues dans le kit et ce, jusqu'au 15 décembre 2011.

Le SDB n'était pas le seul à avoir ainsi fait appel aux patients puisque la coordination des "Biologistes en Colère" a déposé durant la même semaine au siège du Ministère de la santé une pétition de 380.000 signatures de patients et de biologistes. Elle dénonce aussi la "mort subite" des laboratoires de proximité.

Si on prend un tout petit peu de recul, on se rend compte que cette agitation autour de la disparition des laboratoires de proximité fait partie d'un tableau beaucoup plus vaste (mais hélas pas moins sombre). Une pétition, initiée par le Syndicat des jeunes biologistes médicaux, circule contre la privatisation du système de santé français et, miracle des réseaux sociaux, quelques milliers de signatures ont déjà été recueillies en une douzaine de jours.

Que puis-je conclure de ces actions ?  Rien de bien nouveau que n'aient déjà rapporté d'éminents penseurs et observateurs ou que n'aient déjà écrit les journaux : Internet, la santé et l'avis du peuple péseront lourd en 2012.

Biologiquement vôtre.

GdM


Sources :

- SDB, le kit : http://www.sdbio.eu/pour-une-biologie-liberale-de-proximite-operation-patients.html
- Biologistes en colère : http://www.biologistesencolere.com/static.php?op=index.html&npds=1
- SJBM : http://blog.sjbm.fr/?p=3983
- SJBM, la pétition : http://www.mesopinions.com/Contre-la-privatisation-du-systeme-de-sante-francais-petition-petitions-c50727ab56e9786be7dffc7e4a337ba4.html

mardi 28 juin 2011

Les jeunes Biologistes médicaux : premiers Indignés de France ?

Amis biologistes, bonjour.

Depuis le printemps, les rives de notre bonne vieille Méditerranée bruissent des clameurs de jeunes gens qui se sont auto-proclamés les Indignés (voire les révoltés pour les plus méridionaux d'entre-eux). Ils sont tunisiens, égyptiens, grecs, espagnols...Leur point commun ? Si on en croit Sylvie Kauffmann du Monde et le think-tank Terra Nova, ce sont des jeunes diplômés qui ne peuvent plus s'insérer dans un système qui les rejette. Pour paraphraser ces deux auteurs, ce sont des "outsiders" qui subissent une exclusion économique et parfois politique qui les exaspère au plus haut point. Ils ne supportent plus les sociétés vieillissantes et les systèmes à bout de souffle.
Si on regarde de plus prés les revendications des jeunes Biologistes médicaux français, ils s’inquiètent pour leur avenir car, après 9 à 10 ans d'études, le système libéral leur est fermé à cause d'une financiarisation rampante et le secteur public les met en concurrence avec des non-biologistes. Pris dans la nasse, ils ruent, rejettent un système en fin de cycle et entrent en conflit avec leurs aînés. 
Ils sont jeunes, diplômés et appellent à une manifestation demain :  répondent-ils au portrait-robot des Indignés ? C'est bien possible.

GdM


Sources :

Le Monde, édition du 24 juin 2011.



lundi 13 juin 2011

Grève des Internes en Biologie médicale : la Pentecôte est raide.

Amis biologistes, bonjour.

Un petit point réalisé au coeur de ce week-end de Pentecôte montre que la grève des Internes est très suivie et que de nombreux laboratoires hospitaliers ont dû mettre en place une organisation alternative.
J'attire juste votre attention sur les compétences en communication de cette génération dite "Y" ou digital native qui maîtrise les réseaux sociaux et autres blogs. J'en ai pour preuve multitude d'articles et de sites qui relayent leurs positions dont voici une sélection :

 etc etc...(si vous avez identifié d'autres articles, n'hésitez pas à les rajouter en commentaire du post).
Mesdames,mesdemoiselles et messieurs les Internes, chapeau bas ! Puissent les générations papy-boom (20 ans en 68) et X (nés autour de 1968) en prendre de la graine. 

GdM


mercredi 8 juin 2011

Réforme de la Biologie Médicale : un fleuve capricieux.

Amis Biologistes, bonjour.

A quoi pourrait-on comparer la réforme de la biologie médicale ? A un fleuve capricieux, tantôt calme et majestueux, tantôt rapide et tumultueux mais le plus souvent tapi dans des méandres marécageux. Si comme moi, vous essayez d'en suivre le cours dans une modeste embarcation, vous ne devez plus trop être maître de votre destin. Vous ramez comme un fou dans les eaux calmes puis vous vous laissez porter par le torrent en essayant de ne pas chavirer.

Le fleuve est actuellement agité par les forts remous qu'ont créés les Internes en biologie médicale (les futurs professionnels) en déposant un préavis de grève pour le week-end prochain. Concrètement, cela veut dire que les gardes des laboratoires hospitaliers ne seront pas assurées.  Rassurons tout de suite les patients, les examens biologiques seront quand même réalisés (au prix de certaines contorsions que je ne révèlerai pas ici...). Pour quelles raisons le "sang neuf" se rebelle et montre les crocs ? Elles sont nombreuses et elles viennent en réaction aux récents débats parlementaires autour de la loi Fourcade. L'affiche de la FNSIP ci-dessous résume bien leurs revendications.

Le contexte est très complexe et très flou et ce flou profite sûrement à quelques parties prenantes de la réforme. Le syndicat des jeunes biologistes a tenté un décryptage dans un article très documenté et très bien écrit (n'est-ce pas G.?), comme je ne ferai pas mieux je vous y renvoie. On y (re)découvre quelques forces à la manœuvre : les biologistes financiers, les doyens des facultés, quelques représentants syndicaux des infirmier(e)s, les jeunes biologistes et quelques biologistes praticiens isolés... avec comme arbitre les politiques. A ce propos, que penser d'un arbitrage politique en pleine année électorale ?

Ce qui me laisse très perplexe c'est la masse silencieuse. Beaucoup de biologistes ne s'expriment pas mais, s'ils sont comme moi, ils doivent avoir au moins une bonne raison : ils sont trop occupés à maintenir leur barque à flots. Certains se taisent et ont malheureusement choisi de rester à quai attendant que des confrères les embarquent...ou pas. Les biologistes hospitaliers ne disent plus rien, embourbés dans une gouvernance hospitalière kafkaïenne. Quant aux technicien(ne)s et secrétaires de laboratoire, qui s'activent sur le pont, ils/elles sont inaudibles.. .à moins que personne ne leur ait donné la parole. [A ce propos, un élu connaît les infirmières de sa circonscription mais connaît-il les techniciens de laboratoires? Probablement non...CQFD].

La réforme de la biologie est donc tout sauf un long fleuve tranquille, soit. On aurait pu s'adapter mais ce qui nous pend au nez, c'est que les biologistes financiers érigent un gigantesque barrage pour en détourner le cours laissant nos embarcations (privées et publiques) à sec et nos patients...sans eau.

Bonne garde.

Quartier-Maître GdM.

PS : Au moment de boucler ce post, j'apprends que les biologistes séniors soutiennent les revendications des Internes et demandent au Ministère de la santé de les prendre en considération (ndr : notamment au cours des prochains débats au Sénat).

Sources d'informations :
http://blog.sjbm.fr/
http://greve.fnsip.fr





lundi 11 avril 2011

La norme ISO 15189 vous agace ? Dites-le à l'AFNOR !

Amis Biologistes, bonjour.

Si la norme ISO 15189 est devenue votre livre de chevet, si vous en connaissez le moindre détail, vous avez sûrement noté quelques imperfections (quel doux euphémisme...) dans la rédaction de certaines exigences et vous vous êtes peut-être même parfois interrogés sur leur pertinence.
Et bien, réjouissez-vous car la parole est enfin donnée au peuple des laboratoires. L'AFNOR ouvre son site et a mis en place une enquête publique qui permet à tout un chacun de commenter (si, si..) chaque exigence du texte normatif.  Nous allons donc contribuer à améliorer notre Norme. Quel honneur !

Petit bémol : l'appel a été diffusé le 6 avril et nous n'avons que jusqu'au 15 avril pour contribuer à l'enquête.
Autre (petit) bémol : vous devez vous enregistrer sur le site de l'Afnor qui, par ailleurs, nous propose, sur la même page et très très gentiment, de nous accompagner dans notre quête de perfection...

Allez, je ne vous fais pas languir plus que ça, à vos claviers/smartphones sur le site suivant :



Biocliniquement vôtre,
GdM


samedi 5 mars 2011

Le NPA propose de nationaliser les laboratoires d'analyses privés.

Amis Biologistes, bonjour.

A un an de l'élection présidentielle, les partis politiques travaillent leur programme et leurs propositions. De temps à autre, la technique du lâcher de ballon est utilisée pour tester la réaction de la société civile. D'ailleurs, je vous propose d'analyser la récente turbulence qui a agité la biologie médicale sous cet angle. J'y reviendrai plus tard.
Les propositions en matière de santé seront parmi les plus compliquées à faire surtout dans le contexte d'une loi HPST qui a mécontenté beaucoup de monde. Le parti anti-capitaliste en avance déjà et il y en a une qui concerne directement les labos d'analyses. Elle a fait l'objet d'un communiqué daté du 1er mars 2011 que je me permets de reprendre en entier :


Ni trust, ni S.A.R.L., pour des laboratoires d'analyses médicales publiques.


Une Ordonnance gouvernementale de 2010 a largement ouvert le marché de l'analyse médicale aux grands groupes financiers, théoriquement pour réduire les coûts. Au grand dam des biologistes propriétaires de leurs labos. La concentration se fait à grands pas avec à terme des suppressions d'emploi prévisibles et la fermeture de labos privés de proximité.
Le lobby des biologistes privés joue de cette situation en lançant une large campagne de pétitions pour défendre leurs intérêts bien compris sous prétexte de défendre les petites gens.
Les travailleurs et la population ne doivent pas se laisser piéger par cette manipulation. La vraie solution est la nationalisation des labos privés d'analyses médicales et le développement d'un Service Public de santé de proximité, incluant tous les services de santé, labos, radios, etc., intégrant les personnels issus des laboratoires privés qui devront bénéficier du statut public. Il est également indispensable de donner des moyens supplémentaires aux laboratoires des hôpitaux publics pour leur fonctionnement et leur développement.


Le constat est pertinent : il y a une vraie inquiétude au sujet de la biologie de proximité et du rôle croissant mais peu lisible des groupes financiers dans le secteur mais un peu excessif (tous les biologistes ne sont pas des capitalistes en haut de forme et cigare). La proposition est par contre radicale mais elle a le mérite de relancer le débat. Il peut continuer ici.
A vos claviers.

Biocliniquement vôtre.

GdM

PS : Le communiqué dénonce également une campagne de pétitions lancée à l'initiative de biologistes mais ne donne pas assez de précisions pour pouvoir identifier de quelle campagne il s'agit exactement car il y en a eu plusieurs.


Source :
Le site du NPA

Les labos luxembourgeois privés "devront se saigner".

Amis biologistes, bonjour.

Je vous ai déniché une petite information qui concerne encore, comme le veut la tradition du blog, notre beau métier.
Cette fois sortons du cadre franco-français. Nous ne sommes  pas les seuls biologistes à rencontrer des difficultés avec le contexte réglementaire. Il y a quelques temps, je rapportais l'exemple des nos confrères helvètes qui ont subi une réforme assez rude (je remercie d'ailleurs les lecteurs de Suisse qui avaient contribué au blog). Aujourd'hui, c'est le tour des Luxembourgeois. Je vous vois sourire, mais l'affaire est sérieuse et agite le landernau sanitaire du Grand-Duché. Là, vous riez de bon cœur. Vous avez tort car lisez cet extrait d'un article en ligne du journal "Le Quotidien" :


"Mercredi, une réunion de la commission de nomenclature a mal tourné. Les membres de la commission s'étaient donné rendez-vous pour analyser les tarifs du secteur des laboratoires d'analyses médicales qui, dans le cadre de la réforme, est amené à faire des économies à hauteur de 2,3 millions d'euros en moyenne en 2011. La FLLAM, confiante, s'était pointée à la réunion avec une proposition concrète: dans l'idéal, cette somme devait être partagée équitablement entre les labos hospitaliers et les exploitants privés proportionnellement à leur activité. Mais une fois sur place, c'est la surprise. «Les fonctionnaires de la CNS nous ont informé que les 2,3 millions d'euros d'économies ne concernaient que les laboratoires privés, que c'était ça l'intention de la loi», se souvient Netty Klein, porte-parole de la FLLAM. Les représentants de l'association sont perplexes."


Le sourire se crispe peut-être un peu , non ? Pour avoir un ordre de grandeur, il faut se rappeler que la population luxembourgeoise est de 500.000 personnes. Si on transpose à la France, l'économie demandée serait de 276 millions d'euros sur 1 an. La baisse de nomenclature prévue est ici de 300 millions d'euros sur 3 ans et concerne les deux secteurs hospitalier et libéral.
Bien entendu, les économistes de la santé vont hausser les épaules en affirmant qu'il est très compliqué de comparer les systèmes de santé. Soit, mais il est toujours pertinent de voir ce qui se fait ailleurs, comment et qui décide et quel en est l'impact.

Si des confrères du Bénélux pouvaient éclairer notre lanterne...
Biocliniquement vôtre.

GdM

Quleques sources :
Le Quotidien : journal luxembourgeois.
La FLLAM : Fédération des labos du Luxembourg

mardi 22 février 2011

Chroniques d'une réforme en France : le "labo" de Fumel (47).

Amis Biologistes, bonjour.

La vie des laboratoires ordinaires suit son cours, ordonnance abrogée ou pas. Voici une petite histoire du côté de Fumel, à quelques lieux de l'A20 (vous savez, l'autoroute du sud, la vraie...). Elle nous est contée par La Dépêche, sur son site. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas de reprendre in extenso l'article.


" Fumel. De nouveaux locaux pour le « labo »
Très bientôt il faudra changer nos habitudes. L'établissement que tout le monde appelait familièrement le « labo » va quitter son emplacement historique dans le quartier du « Passage ». Ce laboratoire d'analyses médicales avait été fondé en 1962, dans les locaux actuels, par Mme Cabassus dont M. et Mme Laval devaient prendre la succession. Dès le lundi 28 février, il sera installé dans des locaux flambant neufs sur la ZA (Zone d'Activité) « Porte du Quercy », commune de Montayral, près du magasin « Villeneuve Pêche ».
L'accès le plus direct se fait à partir du rond-point récemment créé (avant le pont de Condat), en prenant la route qui mène à Cadamas puis la première entrée à droite. Françoise Hislen-Calès et son nouvel associé, Antoine Gendrot, tous deux docteurs en pharmacie, spécialisés en biologie médicale, ont décidé ce transfert suite à la promulgation de l'ordonnance Ballereau qui réforme la biologie médicale et impose une accréditation aux laboratoires d'analyses médicales.
Les locaux actuels ne pouvaient manifestement pas répondre aux nouvelles exigences imposées par l'ordonnance. L'ambition est triple : rendre le laboratoire conforme aux nouvelles contraintes techniques légales, réorganiser le travail afin de le rendre plus efficace et enfin apporter plus de confort aux patients.
À ce sujet on peut noter que les nouveaux locaux comprendront 4 salles de prélèvement, au lieu de 3, toutes situées en rez-de-chaussée et permettront également une meilleure qualité d'accueil.

Une bonne nouvelle

Ne nous faisons pas de mauvais sang, la construction de ces nouveaux locaux est assurément une bonne nouvelle pour les habitants de l'agglomération car elle laisse augurer de la pérennisation du service ainsi que de la dizaine d'emplois qu'il génère.
Notez que pour cause de « déménagement » le laboratoire sera exceptionnellement fermé le vendredi 25 (à partir de 16 h) et le samedi 26 février au matin. En cas d'urgence il convient de contacter son médecin."

Félicitations et bon courage à l'équipe.
GdM

samedi 19 février 2011

Danse sur Ordonnance.

Amis Biologistes, bonjour.

Un pas en avant, un pas en arrière. La jambe doit être tendue, le buste bien droit et le visage éclairé par un franc sourire. Et surtout, surtout suivre la musique. C'est ce que ne manquera pas de répéter le jury d'une  émission télévisée où des "people" s'essayent, avec plus ou moins de réussite, aux danses de salon. 
Il n'est pas certain que les biologistes apprécient celle qu'il leur a été imposée. Ils sont lâchés au milieu de la piste en sachant que ce qu'ils avaient répété n'est plus d'actualité. L'orchestre a changé et avec, la musique et  le carnet de bal. De plus, ils ne savent plus très bien qui dirige le nouvel ensemble.

Pour illustrer ce malaise, je remonte en post le très pertinent commentaire d'Alain, biologiste et fidèle lecteur du blog.


"Outre la nomination des PH PU et autres chefs de service de biologie hospitalière, les points de l'ordonnance sur lesquels le ministre souhaite revenir sont les prélèvements par les infirmières libérales et les ristournes.
Sur les prélèvements, les syndicats d'infirmiers sont bien sûr tout à fait contre toute forme de contractualisation entre eux et les biologistes et considèrent l'ordonnance comme une atteinte à leur liberté... Il y avait donc là le germe d'une bronca des infirmiers ce que craint énormément notre gouvernement.
Quant aux ristournes, nos hôpitaux commenceraient ils à faire leurs comptes et s'apercevoir que leur tutelle leur a fait un bien mauvais cadeau financier ?
Pour moi, l'ordonnance était réellement maladroite sur le préanalytique et n'avait pas du tout pris en compte le problème des prélèvements effectués par les IDE libérales en ville et en campagne. Quant aux ristournes, il fallait croire au Père Noël pour imaginer que ce point ne serait pas remis en cause rapidement.
Je suis quand même étonné de la tournure du débat sur l'ordonnance depuis le 9 février. Après l'avoir jeté aux orties, on voit sur les blogs de la profession pas mal de confrères la porter aux nues, en disant que ce texte allait nous sauver, était la panacée pour notre profession, que l'accréditation, ce n'est pas si difficile que cela et que si on n'arrive pas à être accrédité par le grand COFRAC, on n'aura qu'à s'en prendre qu'à nous mêmes.
L'ordonnance telle qu'elle a été publiée en janvier 2010 reste un mauvais texte, imposant des contraintes d'exercice totalement délirantes et qui surtout, à cause de cette accréditation nous empêche d'exercer sereinement et correctement notre métier. Ceux là même qui trouvent ce texte admirable ne seraient ils pas les quelques confrères accrédités ?
Je ne nie pas qu'il soit nécessaire d'assurer la meilleure qualité possible de notre prestation mais pas à n'importe quel prix et surtout pas selon cette norme totalement inapplicable en routine.
Et puis, il y a aussi quelque chose dont on ne parle pas en ce moment mais qui garde toute son importance, c'est la baisse de la nomenclature. Avez vous regardé ce que valent vos dossiers depuis le 11 février ? Ne devrait il pas aussi être là notre combat pour préserver notre profession ?
C'est cette redoutable addition "accréditation plus nomenclature" qui va nous emporter.
Bon courage à tous ceux qui se retrouveront dans mes propos."

Merci Alain. Je vous que vous n'avez pas perdu le (sens du) rythme. Bien vu également pour la nomenclature.
Biocliniquement vôtre.
GdM

vendredi 18 février 2011

"Il n'est plus question de supprimer cette Ordonnance" assure Xavier Bertrand.

Amis Biologistes, bonjour.

Si vous avez eu le temps de lever la tête de vos tubes, aiguilles et microscopes ou de détacher les yeux de votre écran de résultats, vous avez probablement lu les dépêches qui tombent depuis hier soir.
Je cite notamment celle d'APM qui a rapporté hier soir les propos du Ministre de la santé, X. Bertrand :

"Je tiens à rassurer tous ceux, en premier lieu les biologistes, qui s'inquiètent de cette situation. Le texte aujourd'hui reste en vigueur. Il n'y a pas eu de vote sénatorial"

"Il n'est pas question non plus de supprimer cette ordonnance qui permet d'organiser le fonctionnement de la biologie dans notre pays",

"[il faut] retravailler sur certains points spécifiques de cette ordonnance d'ici le passage au Sénat",

"Ce sera l'objet des travaux des prochaines semaines en concertation",

Ces propos ont été tenu hier soir au Sénat alors que les élus commençaient l’examen de la proposition de loi du sénateur Jean-Pierre Fourcade modifiant certaines dispositions de la loi HPST. Le compte-rendu des débats est disponible sur le site de la Haute Assemblée.

Pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion sur le revirement de situation, je vous propose ci-dessous quelques extraits significatifs des débats :

M. Jean-Pierre Fourcade [expliquant les raisons de la proposition de loi] :

"… certaines imperfections, certaines décisions du Conseil constitutionnel, observations du Conseil d'État ou demandes de syndicats de médecins [libéraux] et hospitaliers m’ont convaincu qu'il fallait préciser les choses afin que chacun accepte mieux la réforme."

M. Xavier Bertrand [prenant la parole en suivant] :

"La loi HPST visait à mettre en place une offre de soins de qualité et accessibles à tous. Des difficultés sont apparues ; le Gouvernement soutient donc la démarche de M. Fourcade…Ce texte était très attendu. Un amendement à la proposition de loi bioéthique visait à supprimer l'ordonnance de biologie. Il n'en est pas question, même s'il faut revoir cette ordonnance. Je tiens à rassurer les professionnels.
Le Gouvernement soutient ce texte. (Applaudissements à droite)"

M. Gilbert Barbier : [au cours de la discussion]

"…Un mot sur les conditions d'exercice de la profession de biologiste médical, strictement encadrée. On voudrait créer une troisième voie d'accès pour les personnels hospitaliers. Mais les chercheurs tendent à se coopter. Pourquoi avoir remis en cause la réforme de la biologie médicale, mûrie pendant deux ans ? (Applaudissements sur divers bancs)"

Le bon sens a prévalu. Il ne pouvait être question de supprimer une ordonnance  qui régit un important secteur de soins (ordonnance de 2010 et  loi de 1975 abrogées, la biologie médicale aurait ainsi perdu tout cadre législatif et réglementaire) mais tout laisse penser que l'abrogation votée la semaine dernière par les députés était une habile manœuvre pour en renégocier le contenu. Il se murmure que si l'initiateur de la réforme, M. Ballereau avait été plus ouvert à certaines requêtes, l'ordonnance n'aurait pas été aussi rudement malmenée. Le contexte politique n'est pas non plus étranger à ce revirement.
Biocliniquement vôtre,
GdM

dimanche 13 février 2011

Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (4) : la réaction de 8 organisations professionnelles.

Amis Biologistes, bonjour.

Les syndicats des biologistes libéraux, hospitaliers ou en formation ont réagi à l'adoption de l'amendement 17 dans un communiqué de presse commun dont je reprends le texte ci-dessous mais que vous pourrez retrouver directement sur le site de la FNSIP.

Biocliniquement vôtre.
GdM


"Revirement gouvernemental :
Des députés UMP tentent de faire abroger l’ordonnance sur la biologie

Le mercredi 9 février dans la soirée, l’Assemblée nationale a voté en première lecture et en petit comité, dans le cadre de la révision de la loi bioéthique, un amendement abrogeant l’ordonnance du 13 janvier 2010 réformant la biologie médicale. Il a été introduit par des députés UMP (*) - dont certains sont biologistes - sans que Xavier Bertrand ne s’y oppose. Cette Ordonnance donne aux Biologistes médicaux des objectifs médicaux positifs et très ambitieux.
À cette heure, le processus parlementaire n’est pas terminé et le texte n’est donc pas définitivement adopté. L’Ordonnance est donc toujours applicable.
Nous constatons que :
- l’abrogation d’une ordonnance par un amendement adopté à la sauvette, sans justification sur l’ensemble du texte, dans le cadre d’une loi n’ayant aucun lien direct avec le sujet serait une première dans les annales parlementaires.
- le ministre de la Santé ne s’est pas opposé en séance à l’adoption de cet amendement qui remet en cause une réforme élaborée très récemment sous l’égide de son prédécesseur Roselyne Bachelot.
- le ministre de la Santé est prêt à laisser remettre en cause une réforme qui s’inscrit dans une démarche de qualité, de sécurité sanitaire et de santé publique, pour des raisons obscures. Une méthode qui paraît très malvenue alors même que les différentes commissions d’enquête se poursuivent sur l’affaire du Médiator.
- la méthode utilisée est méprisante pour le travail de fond qui a été réalisé pendant plus de deux ans par le ministère en concertation avec l’ensemble des acteurs de la biologie médicale française.

Les organisations professionnelles regrettent profondément que l’adoption de cet amendement mette une épée de Damoclès sur la réforme de la biologie et ouvre grand la voie du passage du médical au commercial et à toutes les délocalisations. Cette situation suspend net le processus en cours de publication des textes d’application et place les biologistes dans une insécurité professionnelle et juridique extrêmement dangereuse et préjudiciable, va placer la France en position d’inconséquence devant la Cour de justice de l’Union Européenne.
Le ministre de la Santé veut-il remettre en cause les avancées de cette réforme : la médicalisation, la qualité, la non-ouverture du capital et la sécurité sanitaire des patients et la santé publique ? Il trouvera en face  de lui l’ensemble des acteurs qui l’ont construite.

(*) les députés UMP et NC Jardé, Vialatte, Domergue, Poletti et Boyer.

(FNSIP, SJBM, SNBH, SDB, SLBC, SNMB-CHU, FNSPBAH, FNSPBHU)


samedi 12 février 2011

Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (3) : les premières analyses.

Amis biologistes, bonjour.

La première onde de choc passée et le week-end arrivant, il temps pour les professionnels que nous sommes de prendre du recul et d'essayer d'analyser les tenants et aboutissants de l'affaire. Pour ma part, je suis encore en pleine reflexion (j'ai quand même une question existentielle : le calendrier d'accréditation du COFRAC sera-t-il maintenu ?).
Cependant, en tant que vieux samaritain de la blogosphère biologique, je vous propose de lire les réactions suivantes :
    Vous m'en direz des nouvelles.
    Sinon, pour essayer d'appréhender le problème dans toutes sa complexité et mesurer les forces à l'œuvre, il serait intéressant de tenir compte du fond (pourquoi abroger toute l'ordonnance?), de la forme (un simple amendement glissé au cours d'un débat du soir à l'assemblée nationale) et du calendrier (pourquoi maintenant?).
    Si vous avez des pistes, à vos claviers.
    Biocliniquement vôtre.

    Gd

    jeudi 10 février 2011

    Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (2) : la retranscription des débats à l'Assemblée nationale.

    Amis Biologistes, rebonsoir.

    Comme j'ai eu souvent l'occasion de l'écrire, nous avons la chance de vivre dans une démocratie où les travaux des parlementaires (représentants du peuple) sont transparents et accessibles. Je remercie au passage l'excellent travail réalisé par les petites mains de l'Assemblée qui se chargent de collecter, retranscrire et diffuser les débats.
    Toujours pour alimenter votre réflexion personnelle et dans le cas où vous n'arrivez pas à trouver le sommeil, je vous livre ci-dessous l'intégralité des débats qui ont conduit à l'adoption de l'amendement 17. Dans un élan d'humour au 36ème degré (ou plutôt un moment d'égarement), je le ré-intitule "amendement Nobel" car vous n'êtes pas sans savoir que l'illustre éponyme a non seulement soutenu les plus brillants chercheurs mais a aussi découvert la nitroglycérine.

    Bonne lecture.
    GdM

    PS : le texte est disponible sur le site de l'Assemblée nationale.

    M. le président. La parole est à M. Olivier Jardé, pour soutenir l’amendement n° 17.

    M. Olivier Jardé. L’ordonnance du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale, telle qu’elle est rédigée, interdit l’exercice de la biologie médicale à des chercheurs non diplômés en biologie médicale, notamment dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation.
    L’ordonnance pose de multiples problèmes, que nous avons déjà évoqués dans cet hémicycle. Elle interdit aux infirmières d’effectuer des prélèvements dans leur cabinet. Elle crée des difficultés aux laboratoires d’analyses médicales privés, mais également à ceux des hôpitaux, qui ne peuvent obtenir l’accréditation.
    Récemment, le concours d’agrégation a été bloqué du fait de l’impossibilité d’inscrire des candidats devant le Conseil national des universités.
    Pour toutes ces raisons, je vous propose d’abroger cette ordonnance.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Sébastien Vialatte.

    M. Jean-Sébastien Vialatte. Aujourd’hui, au sein des laboratoires de biologie médicale des CHU, un certain nombre de chefs de service ne peuvent plus diriger leur service – c’est d’ailleurs également le cas en génétique, en hématologie ou en bactériologie –, parce qu’ils n’ont pas le diplôme qui est devenu obligatoire. On a créé un véritable problème à l’hôpital public, qui se pose aussi, d’ailleurs, dans les laboratoires privés.

    M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean Leonetti, rapporteur. Elle a émis un avis favorable. Je note cependant que cette ordonnance procède à de multiples modifications du code de la santé. J’attends donc l’avis du Gouvernement, qui a entièrement rédigé l’ordonnance son abrogation intégrale aurait sans doute des effets secondaires allant au-delà de l’objectif des auteurs de l’amendement.

    M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

    M. Xavier Bertrand, ministre. Le Gouvernement s’en remet à la sagesse de l’Assemblée.
    Initialement, j’étais tenté d’émettre un avis défavorable et de vous dire que cette ordonnance serait revue à l’occasion de la proposition de loi Fourcade. Mais celle-ci n’a pas vocation à être un fourre-tout. Je ne peux donc pas vous garantir que la question sera examinée dans ce cadre.
    Nous serons donc amenés à retravailler nous-mêmes ce qui relève du pouvoir réglementaire, donc de l’ordonnance, dans un climat de totale concertation – je ne dis pas « codécision », car nous ne serons peut-être pas d’accord avec tout le monde. Il y a certainement des sujets qui, comme celui-ci, sont à revoir.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Touraine.

    M. Jean-Louis Touraine. Je suis favorable à l’amendement, que j’avais même proposé de cosigner. En commission, monsieur le ministre, vous nous disiez exactement ceci : « Je suis prêt à examiner la situation et à revenir, au besoin, sur l’ordonnance. Si vous faisiez des propositions à cet égard, ma tâche serait facilitée. » Nous avons à cœur, monsieur le ministre, de vous faciliter la tâche et d’abroger, pour ce faire, l’ordonnance. (Sourires.)

    M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Le Déaut.

    M. Jean-Yves Le Déaut. Je suis également prêt à m’associer à cet amendement, dont nous avons été saisis très tardivement lorsqu’il a été présenté dans le cadre de la loi HPST, dans laquelle il faisait un peu figure de cavalier.
    Si l’on veut que l’organisation de la recherche, des soins et de la thérapeutique dans les facultés de médecine se fasse de manière pluridisciplinaire, il ne faut surtout pas maintenir cette ordonnance.
    J’ai moi-même été, au cours de ma carrière, après mon doctorat ès sciences, assistant de faculté et assistant des hôpitaux. J’ai donc participé à des activités de biologie médicale. C’était possible, comme c’est possible au Canada, aux États-Unis et dans la plupart des pays développés. Depuis cette ordonnance, il n’est plus possible à des scientifiques, à des pharmaciens, de travailler en coopération au sein d’équipes pluridisciplinaires dans des laboratoires de biologie médicale. Je suis donc totalement favorable à la suppression de cette disposition de l’ordonnance, dont les rédacteurs n’avaient sans doute pas perçu toutes les conséquences.

    M. le président. La parole est à Mme Catherine Génisson.
    Mme Catherine Génisson. Je m’avoue perplexe.

    M. Xavier Bertrand, ministre. L’hôpital d’Arras va fermer ! (Sourires.)

    Mme Catherine Génisson. Non, il n’est pas question d’Arras, je n’en ferai pas une affaire personnelle, comme M. Le Déaut.
    Il me semble que ces personnes que l’on évoque conservent la possibilité de participer aux recherches. Ce qu’elles ne peuvent plus être, c’est professeur titulaire de chaire. Mais n’est-il pas logique que, pour être professeur titulaire de chaire au titre d’une spécialité x ou y, il faille avoir des compétences dans ces spécialités ?
    Peut-être comprends-je mal l’enjeu, mais je suis un peu dubitative. J’ai été interpellée, inversement, par des personnalités ayant les diplômes ad hoc à qui l’on a refusé une chaire parce que d’autres personnalités, sans doute très compétentes et plus en vue, mais qui n’avaient pas le diplôme, occupaient la chaire, interdisant ainsi à des jeunes ayant la spécialité en question d’y accéder.
    J’avoue donc ma perplexité par rapport aux arguments développés par les uns et les autres, à moins qu’il y ait un aspect qui m’échappe.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Sébastien Vialatte.

    M. Jean-Sébastien Vialatte. Nous ne sommes pas dans le cadre de la recherche, mais dans celui du diagnostic. Il s’agit de faire des diagnostics génétiques.
    Le texte comportait initialement le terme « laboratoire de génétique », ce qui ne faisait pas problème. Maintenant, il comporte le terme : « laboratoire de biologie médicale », ce qui fait problème puisque les directeurs de laboratoires de génétique ne sont pas des biologistes médicaux. Il s’ensuit qu’un certain nombre de services hospitaliers vont se trouver dépourvus de chefs de service ayant les bons diplômes.

    M. le président. La parole est à M. Olivier Jardé.

    M. Olivier Jardé. Je répondrai à Catherine Génisson que le Conseil national des universités compte 43 sections ; toutes les spécialités médicales n’y sont donc pas représentées. La biologie, par exemple, n’y existe pas. Un agrégé, qui va passer le concours, peut avoir de multiples antécédents et faire de la biologie médicale : il peut être toxicologue, ou généticien, et pas forcément biologiste. Ces personnes-là ne pourront plus passer le concours. Là est le problème, que vous confirmera Jean-Louis Touraine.
    Il y a aussi la question des infirmières. Avec cette ordonnance, une infirmière n’a même plus le droit de procéder à des prélèvements dans son propre cabinet. Il faut qu’elle aille dans un cabinet de biologie médicale. C’est la même chose, comme vient de le dire Jean-Sébastien Vialatte, pour les laboratoires de génétique. Le système est devenu excessivement restrictif.

    M. le président. La parole est à M. Guy Lefrand.

    M. Guy Lefrand. Je voudrais revenir sur ce que vient de dire Olivier Jardé. Nous avons été interpellés par les infirmières libérales qui vont se trouver empêchées, alors même que nous essayons de favoriser le maillage du territoire par les professionnels de santé libéraux, de faire de prélèvements, à moins de se déplacer à domicile, avec le coût que cela suppose et le temps que cela prend, ou d’aller les faire dans un laboratoire de biologie médicale.
    Je crois donc qu’il faut vraiment retravailler cette ordonnance, car nous faisons face à des situations aberrantes dans certains territoires en difficulté.
    M. le président. La parole est à Mme Catherine Génisson.

    Mme Catherine Génisson. Je ne souhaite pas allonger inutilement les débats, mais pourquoi ne pas revenir à la dénomination « laboratoire de génétique », ce qui résoudrait tous les problèmes ? J’ai un peu l’impression qu’il s’agit de protéger des prés carrés…

    M. Jean-Yves Le Déaut. C’est le contraire !

    (L’amendement n° 17 est adopté.)
     

    Abrogation de l'Ordonnance Ballereau : le texte de l'amendement 17.

    Amis Biologistes, bonsoir.

    Pour alimenter votre réflexion personnelle, je vous propose ci-dessous le texte de l'amendement qui suspend (provisoirement?) l'Ordonnance Ballereau. 

    GdM
    PS : Remarquez le très intéressant adjectif "imminents", les auteurs ont-ils voulu dire "éminents"? Amis linguistes, votre concours est le bienvenu.


    ASSEMBLÉE NATIONALE
    4 février 2011
    BIOÉTHIQUE - (n° 3111)

    Commission

    Gouvernement

    AMENDEMENT N° 17

    présenté par

    M. Jardé, M. Vialatte, M. Domergue, Mme Poletti et Mme Boyer

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    ARTICLE ADDITIONNEL

    APRÈS L'ARTICLE 4, insérer l'article suivant :

    L’ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale est abrogée.

    EXPOSÉ SOMMAIRE

    L’ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale telle qu’elle est rédigée, interdit l’exercice de la biologie médicale à des chercheurs non diplômés de biologie médicale, notamment dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation.

    L’ordonnance pose donc de nombreux problèmes que ce soit à l’hôpital public qu’aux laboratoires d’analyses médicales privés. Ainsi que l’a souligné la ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche lors de la discussion sur la proposition de loi relative aux activités immobilières des établissements d’enseignement supérieur, cette ordonnance contient des contradictions et des incompréhensions qui interdit à d’imminents professeurs de continuer d’occuper une chaire faute d’avoir fait des études qui mènent directement à la biologie.

    Aussi, il convient d’abroger cette ordonnance qui n’a toujours pas été ratifiée par le Parlement et d’écrire, dans un délai raisonnable, un nouveau texte régissant l’exercice de la biologie médicale.



    URGENT : L'Ordonnance Ballereau qui réforme la Biologie médicale a été abrogée !!

    Amis, biologistes, bonjour.

    Voilà une information qui fait l'effet d'une bombe dans le milieu de la biologie médicale : au cours de l'examen de la loi de Bioéthique, les députés ont adopté hier soir un article qui abroge l'Ordonnance du 13 janvier 2010. La réforme dite "Ballereau" et tout ce qui en découle (le blog s'en fait l'écho depuis septembre 2008) est suspendue.

    Le temps de croiser quelques sources d'informations et je reviendrai ici-même pour tenter une petite explication de texte. En attendant, n'hésitez pas à commenter.

    Biocliniquement vôtre.

    GdM


    mardi 8 février 2011

    Chroniques d'une réforme en France.

    Amis Biologistes, bonjour.

    Les patients continuent à ressentir les conséquences de la nouvelle législation sur la biologie médicale. Dans la veine du post précédent, le site du journal La Nouvelle République nous donne un autre exemple concret. Des rumeurs ont circulé qu'un laboratoire du Cher, le Laboratoire Berry Sologne,  allait fermer un de ses quatre sites, situé à Romorantin.  La direction a dû démentir ses rumeurs et rassurer  les patients mais aussi les salariés. Le laboratoire est certes en plein regroupement mais le site romorantinais continuera d'assurer les prélèvements et l'interprétation des résultats.
    Ainsi va la nouvelle biologie. Si vous, ami biologiste, patient ou professionnel, de santé avez connaissance d'une situation similaire, faites-en nous part dans un commentaire.

    Biocliniquement vôtre,
    GdM



    samedi 29 janvier 2011

    Mort sur ordonnance...de biologie médicale.

    Amis Biologistes, bonjour.

    Les patients commencent à ressentir les conséquences de la nouvelle législation sur la biologie médicale. Le site du journal Sud-Ouest nous donne un exemple concret. L'unique laboratoire d'un canton rural de Gironde, Bourg, va fermer le premier mars. Son équipe a été intégrée dans un regroupement de vingt laboratoires de la région.
    Si vous, patient ou professionnel, avez connaissance d'une situation similaire, faites-en nous part dans un commentaire.

    Biocliniquement vôtre,
    GdM




    mercredi 12 janvier 2011

    Quel bilan biologique est recommandé chez la personne âgée faisant des chutes répétées ?

    Une personne âgée qui fait des chutes répétées doit bénéficier d'une évaluation clinique et para-clinique spécifiques suivies d'une prise en charge adaptée.

    La Société française de gériatrie et de gérontologie a émis, avec l'aide de l'HAS, des recommandations précises à ce sujet. Le principe général est la recherche de facteurs de risque par diverses apporches dont la prescription d'un bilan biologique :
    - ionogramme sanguin (recherche d'une hyponatrémie)
    - dosage de la vitamine D
    - hémogramme en cas de signes d'appel d'anémie
    - dosage d'HbA1c chez le sujet âgé diabétique (épisodes hypoglycémiques ?).

    Parmi les interventions recommandées qui permettent de prévenir les complications de ces chutes,  citons :
    - un apport calcique alimentaire de 1 à 1,5 g/jour,
    - en cas de carence en vitamine D, un apport quotidien d'au moins 800 UI.

    Biocliniquement vôtre.
    KW


    samedi 8 janvier 2011

    2011 : Labmutation s'engage pour l'information bioclinique des Biologistes Médicaux.

    Amis Biologistes, bonjour.

    A l'orée de la deuxième décennie du XXIème siècle,  ou pour faire plus simple, en ce début d'année 2011, je vous présente à tous et toutes mes meilleurs vœux de santé et de prospérité.

    Cette formalité courtoise étant expédiée, reprenons le cours de nos activités biologiques. 
    N'avez-vous pas l'impression, dans votre laboratoire, de crouler sous les informations et les données, de telle sorte qu'il devient de moins en moins évident d'avoir une opinion sûre, bien construite et de prendre sereinement une (bonne) décision ? Moi, si.
    Entre les revues médicales, les commerciaux, les forums et les Collègues, les avis divergent et se contredisent. La chose la plus simple devient incertaine. Prenons un exemple, vous avez des normes de référence pour la TSH. Soit, mais d'où viennent-elles ? Du fournisseur ? Comment en prouver l'origine ? Sont-elles adaptées à la population de ma région  ? Et si vous envisagez de changer de méthode de dosage (il faut tout regrouper sur un plateau technique), vos endocrinologues préférés s'y retrouveront-ils ?
    Ce genre de questions, je m'en pose trente par jour et j'ai du mal à y répondre. Alors plutôt que de râler à longueur d'année sur je ne sais quelle norme ISO ou obscur rapport, nous avons décidé avec KW de prendre le taureau par les cornes. Nous allons mettre en ligne sur le blog toutes les données techniques, biologiques et cliniques que nous glanerons à droite et à gauche pour le compte de notre laboratoire, mais pour rester cohérents nous avons sélectionné deux thématiques pour ce semestre :
    • la Vitamine D
    • l'Axe thyréotrope
    Nous n'hésiterons devant rien : ni lire en anglais des articles sur PubMed (à condition qu'on ait accès au texte intégral !) ni contacter des experts français (s'ils veulent bien nous répondre..).

    Bien sûr, chers Amis Biologistes, nous comptons sur vous pour nous faire un retour et nous indiquer si lesdites données vous sont utiles. Vos contributions et commentaires seront les bienvenus.

    Biocliniquement vôtre.

    GdM et KW (qui espèrent tenir leurs promesses)