mardi 22 février 2011

Chroniques d'une réforme en France : le "labo" de Fumel (47).

Amis Biologistes, bonjour.

La vie des laboratoires ordinaires suit son cours, ordonnance abrogée ou pas. Voici une petite histoire du côté de Fumel, à quelques lieux de l'A20 (vous savez, l'autoroute du sud, la vraie...). Elle nous est contée par La Dépêche, sur son site. J'espère qu'ils ne m'en voudront pas de reprendre in extenso l'article.


" Fumel. De nouveaux locaux pour le « labo »
Très bientôt il faudra changer nos habitudes. L'établissement que tout le monde appelait familièrement le « labo » va quitter son emplacement historique dans le quartier du « Passage ». Ce laboratoire d'analyses médicales avait été fondé en 1962, dans les locaux actuels, par Mme Cabassus dont M. et Mme Laval devaient prendre la succession. Dès le lundi 28 février, il sera installé dans des locaux flambant neufs sur la ZA (Zone d'Activité) « Porte du Quercy », commune de Montayral, près du magasin « Villeneuve Pêche ».
L'accès le plus direct se fait à partir du rond-point récemment créé (avant le pont de Condat), en prenant la route qui mène à Cadamas puis la première entrée à droite. Françoise Hislen-Calès et son nouvel associé, Antoine Gendrot, tous deux docteurs en pharmacie, spécialisés en biologie médicale, ont décidé ce transfert suite à la promulgation de l'ordonnance Ballereau qui réforme la biologie médicale et impose une accréditation aux laboratoires d'analyses médicales.
Les locaux actuels ne pouvaient manifestement pas répondre aux nouvelles exigences imposées par l'ordonnance. L'ambition est triple : rendre le laboratoire conforme aux nouvelles contraintes techniques légales, réorganiser le travail afin de le rendre plus efficace et enfin apporter plus de confort aux patients.
À ce sujet on peut noter que les nouveaux locaux comprendront 4 salles de prélèvement, au lieu de 3, toutes situées en rez-de-chaussée et permettront également une meilleure qualité d'accueil.

Une bonne nouvelle

Ne nous faisons pas de mauvais sang, la construction de ces nouveaux locaux est assurément une bonne nouvelle pour les habitants de l'agglomération car elle laisse augurer de la pérennisation du service ainsi que de la dizaine d'emplois qu'il génère.
Notez que pour cause de « déménagement » le laboratoire sera exceptionnellement fermé le vendredi 25 (à partir de 16 h) et le samedi 26 février au matin. En cas d'urgence il convient de contacter son médecin."

Félicitations et bon courage à l'équipe.
GdM

samedi 19 février 2011

Danse sur Ordonnance.

Amis Biologistes, bonjour.

Un pas en avant, un pas en arrière. La jambe doit être tendue, le buste bien droit et le visage éclairé par un franc sourire. Et surtout, surtout suivre la musique. C'est ce que ne manquera pas de répéter le jury d'une  émission télévisée où des "people" s'essayent, avec plus ou moins de réussite, aux danses de salon. 
Il n'est pas certain que les biologistes apprécient celle qu'il leur a été imposée. Ils sont lâchés au milieu de la piste en sachant que ce qu'ils avaient répété n'est plus d'actualité. L'orchestre a changé et avec, la musique et  le carnet de bal. De plus, ils ne savent plus très bien qui dirige le nouvel ensemble.

Pour illustrer ce malaise, je remonte en post le très pertinent commentaire d'Alain, biologiste et fidèle lecteur du blog.


"Outre la nomination des PH PU et autres chefs de service de biologie hospitalière, les points de l'ordonnance sur lesquels le ministre souhaite revenir sont les prélèvements par les infirmières libérales et les ristournes.
Sur les prélèvements, les syndicats d'infirmiers sont bien sûr tout à fait contre toute forme de contractualisation entre eux et les biologistes et considèrent l'ordonnance comme une atteinte à leur liberté... Il y avait donc là le germe d'une bronca des infirmiers ce que craint énormément notre gouvernement.
Quant aux ristournes, nos hôpitaux commenceraient ils à faire leurs comptes et s'apercevoir que leur tutelle leur a fait un bien mauvais cadeau financier ?
Pour moi, l'ordonnance était réellement maladroite sur le préanalytique et n'avait pas du tout pris en compte le problème des prélèvements effectués par les IDE libérales en ville et en campagne. Quant aux ristournes, il fallait croire au Père Noël pour imaginer que ce point ne serait pas remis en cause rapidement.
Je suis quand même étonné de la tournure du débat sur l'ordonnance depuis le 9 février. Après l'avoir jeté aux orties, on voit sur les blogs de la profession pas mal de confrères la porter aux nues, en disant que ce texte allait nous sauver, était la panacée pour notre profession, que l'accréditation, ce n'est pas si difficile que cela et que si on n'arrive pas à être accrédité par le grand COFRAC, on n'aura qu'à s'en prendre qu'à nous mêmes.
L'ordonnance telle qu'elle a été publiée en janvier 2010 reste un mauvais texte, imposant des contraintes d'exercice totalement délirantes et qui surtout, à cause de cette accréditation nous empêche d'exercer sereinement et correctement notre métier. Ceux là même qui trouvent ce texte admirable ne seraient ils pas les quelques confrères accrédités ?
Je ne nie pas qu'il soit nécessaire d'assurer la meilleure qualité possible de notre prestation mais pas à n'importe quel prix et surtout pas selon cette norme totalement inapplicable en routine.
Et puis, il y a aussi quelque chose dont on ne parle pas en ce moment mais qui garde toute son importance, c'est la baisse de la nomenclature. Avez vous regardé ce que valent vos dossiers depuis le 11 février ? Ne devrait il pas aussi être là notre combat pour préserver notre profession ?
C'est cette redoutable addition "accréditation plus nomenclature" qui va nous emporter.
Bon courage à tous ceux qui se retrouveront dans mes propos."

Merci Alain. Je vous que vous n'avez pas perdu le (sens du) rythme. Bien vu également pour la nomenclature.
Biocliniquement vôtre.
GdM

vendredi 18 février 2011

"Il n'est plus question de supprimer cette Ordonnance" assure Xavier Bertrand.

Amis Biologistes, bonjour.

Si vous avez eu le temps de lever la tête de vos tubes, aiguilles et microscopes ou de détacher les yeux de votre écran de résultats, vous avez probablement lu les dépêches qui tombent depuis hier soir.
Je cite notamment celle d'APM qui a rapporté hier soir les propos du Ministre de la santé, X. Bertrand :

"Je tiens à rassurer tous ceux, en premier lieu les biologistes, qui s'inquiètent de cette situation. Le texte aujourd'hui reste en vigueur. Il n'y a pas eu de vote sénatorial"

"Il n'est pas question non plus de supprimer cette ordonnance qui permet d'organiser le fonctionnement de la biologie dans notre pays",

"[il faut] retravailler sur certains points spécifiques de cette ordonnance d'ici le passage au Sénat",

"Ce sera l'objet des travaux des prochaines semaines en concertation",

Ces propos ont été tenu hier soir au Sénat alors que les élus commençaient l’examen de la proposition de loi du sénateur Jean-Pierre Fourcade modifiant certaines dispositions de la loi HPST. Le compte-rendu des débats est disponible sur le site de la Haute Assemblée.

Pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion sur le revirement de situation, je vous propose ci-dessous quelques extraits significatifs des débats :

M. Jean-Pierre Fourcade [expliquant les raisons de la proposition de loi] :

"… certaines imperfections, certaines décisions du Conseil constitutionnel, observations du Conseil d'État ou demandes de syndicats de médecins [libéraux] et hospitaliers m’ont convaincu qu'il fallait préciser les choses afin que chacun accepte mieux la réforme."

M. Xavier Bertrand [prenant la parole en suivant] :

"La loi HPST visait à mettre en place une offre de soins de qualité et accessibles à tous. Des difficultés sont apparues ; le Gouvernement soutient donc la démarche de M. Fourcade…Ce texte était très attendu. Un amendement à la proposition de loi bioéthique visait à supprimer l'ordonnance de biologie. Il n'en est pas question, même s'il faut revoir cette ordonnance. Je tiens à rassurer les professionnels.
Le Gouvernement soutient ce texte. (Applaudissements à droite)"

M. Gilbert Barbier : [au cours de la discussion]

"…Un mot sur les conditions d'exercice de la profession de biologiste médical, strictement encadrée. On voudrait créer une troisième voie d'accès pour les personnels hospitaliers. Mais les chercheurs tendent à se coopter. Pourquoi avoir remis en cause la réforme de la biologie médicale, mûrie pendant deux ans ? (Applaudissements sur divers bancs)"

Le bon sens a prévalu. Il ne pouvait être question de supprimer une ordonnance  qui régit un important secteur de soins (ordonnance de 2010 et  loi de 1975 abrogées, la biologie médicale aurait ainsi perdu tout cadre législatif et réglementaire) mais tout laisse penser que l'abrogation votée la semaine dernière par les députés était une habile manœuvre pour en renégocier le contenu. Il se murmure que si l'initiateur de la réforme, M. Ballereau avait été plus ouvert à certaines requêtes, l'ordonnance n'aurait pas été aussi rudement malmenée. Le contexte politique n'est pas non plus étranger à ce revirement.
Biocliniquement vôtre,
GdM

dimanche 13 février 2011

Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (4) : la réaction de 8 organisations professionnelles.

Amis Biologistes, bonjour.

Les syndicats des biologistes libéraux, hospitaliers ou en formation ont réagi à l'adoption de l'amendement 17 dans un communiqué de presse commun dont je reprends le texte ci-dessous mais que vous pourrez retrouver directement sur le site de la FNSIP.

Biocliniquement vôtre.
GdM


"Revirement gouvernemental :
Des députés UMP tentent de faire abroger l’ordonnance sur la biologie

Le mercredi 9 février dans la soirée, l’Assemblée nationale a voté en première lecture et en petit comité, dans le cadre de la révision de la loi bioéthique, un amendement abrogeant l’ordonnance du 13 janvier 2010 réformant la biologie médicale. Il a été introduit par des députés UMP (*) - dont certains sont biologistes - sans que Xavier Bertrand ne s’y oppose. Cette Ordonnance donne aux Biologistes médicaux des objectifs médicaux positifs et très ambitieux.
À cette heure, le processus parlementaire n’est pas terminé et le texte n’est donc pas définitivement adopté. L’Ordonnance est donc toujours applicable.
Nous constatons que :
- l’abrogation d’une ordonnance par un amendement adopté à la sauvette, sans justification sur l’ensemble du texte, dans le cadre d’une loi n’ayant aucun lien direct avec le sujet serait une première dans les annales parlementaires.
- le ministre de la Santé ne s’est pas opposé en séance à l’adoption de cet amendement qui remet en cause une réforme élaborée très récemment sous l’égide de son prédécesseur Roselyne Bachelot.
- le ministre de la Santé est prêt à laisser remettre en cause une réforme qui s’inscrit dans une démarche de qualité, de sécurité sanitaire et de santé publique, pour des raisons obscures. Une méthode qui paraît très malvenue alors même que les différentes commissions d’enquête se poursuivent sur l’affaire du Médiator.
- la méthode utilisée est méprisante pour le travail de fond qui a été réalisé pendant plus de deux ans par le ministère en concertation avec l’ensemble des acteurs de la biologie médicale française.

Les organisations professionnelles regrettent profondément que l’adoption de cet amendement mette une épée de Damoclès sur la réforme de la biologie et ouvre grand la voie du passage du médical au commercial et à toutes les délocalisations. Cette situation suspend net le processus en cours de publication des textes d’application et place les biologistes dans une insécurité professionnelle et juridique extrêmement dangereuse et préjudiciable, va placer la France en position d’inconséquence devant la Cour de justice de l’Union Européenne.
Le ministre de la Santé veut-il remettre en cause les avancées de cette réforme : la médicalisation, la qualité, la non-ouverture du capital et la sécurité sanitaire des patients et la santé publique ? Il trouvera en face  de lui l’ensemble des acteurs qui l’ont construite.

(*) les députés UMP et NC Jardé, Vialatte, Domergue, Poletti et Boyer.

(FNSIP, SJBM, SNBH, SDB, SLBC, SNMB-CHU, FNSPBAH, FNSPBHU)


samedi 12 février 2011

Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (3) : les premières analyses.

Amis biologistes, bonjour.

La première onde de choc passée et le week-end arrivant, il temps pour les professionnels que nous sommes de prendre du recul et d'essayer d'analyser les tenants et aboutissants de l'affaire. Pour ma part, je suis encore en pleine reflexion (j'ai quand même une question existentielle : le calendrier d'accréditation du COFRAC sera-t-il maintenu ?).
Cependant, en tant que vieux samaritain de la blogosphère biologique, je vous propose de lire les réactions suivantes :
    Vous m'en direz des nouvelles.
    Sinon, pour essayer d'appréhender le problème dans toutes sa complexité et mesurer les forces à l'œuvre, il serait intéressant de tenir compte du fond (pourquoi abroger toute l'ordonnance?), de la forme (un simple amendement glissé au cours d'un débat du soir à l'assemblée nationale) et du calendrier (pourquoi maintenant?).
    Si vous avez des pistes, à vos claviers.
    Biocliniquement vôtre.

    Gd

    jeudi 10 février 2011

    Abrogation de l'Ordonnance Ballereau (2) : la retranscription des débats à l'Assemblée nationale.

    Amis Biologistes, rebonsoir.

    Comme j'ai eu souvent l'occasion de l'écrire, nous avons la chance de vivre dans une démocratie où les travaux des parlementaires (représentants du peuple) sont transparents et accessibles. Je remercie au passage l'excellent travail réalisé par les petites mains de l'Assemblée qui se chargent de collecter, retranscrire et diffuser les débats.
    Toujours pour alimenter votre réflexion personnelle et dans le cas où vous n'arrivez pas à trouver le sommeil, je vous livre ci-dessous l'intégralité des débats qui ont conduit à l'adoption de l'amendement 17. Dans un élan d'humour au 36ème degré (ou plutôt un moment d'égarement), je le ré-intitule "amendement Nobel" car vous n'êtes pas sans savoir que l'illustre éponyme a non seulement soutenu les plus brillants chercheurs mais a aussi découvert la nitroglycérine.

    Bonne lecture.
    GdM

    PS : le texte est disponible sur le site de l'Assemblée nationale.

    M. le président. La parole est à M. Olivier Jardé, pour soutenir l’amendement n° 17.

    M. Olivier Jardé. L’ordonnance du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale, telle qu’elle est rédigée, interdit l’exercice de la biologie médicale à des chercheurs non diplômés en biologie médicale, notamment dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation.
    L’ordonnance pose de multiples problèmes, que nous avons déjà évoqués dans cet hémicycle. Elle interdit aux infirmières d’effectuer des prélèvements dans leur cabinet. Elle crée des difficultés aux laboratoires d’analyses médicales privés, mais également à ceux des hôpitaux, qui ne peuvent obtenir l’accréditation.
    Récemment, le concours d’agrégation a été bloqué du fait de l’impossibilité d’inscrire des candidats devant le Conseil national des universités.
    Pour toutes ces raisons, je vous propose d’abroger cette ordonnance.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Sébastien Vialatte.

    M. Jean-Sébastien Vialatte. Aujourd’hui, au sein des laboratoires de biologie médicale des CHU, un certain nombre de chefs de service ne peuvent plus diriger leur service – c’est d’ailleurs également le cas en génétique, en hématologie ou en bactériologie –, parce qu’ils n’ont pas le diplôme qui est devenu obligatoire. On a créé un véritable problème à l’hôpital public, qui se pose aussi, d’ailleurs, dans les laboratoires privés.

    M. le président. Quel est l’avis de la commission ?

    M. Jean Leonetti, rapporteur. Elle a émis un avis favorable. Je note cependant que cette ordonnance procède à de multiples modifications du code de la santé. J’attends donc l’avis du Gouvernement, qui a entièrement rédigé l’ordonnance son abrogation intégrale aurait sans doute des effets secondaires allant au-delà de l’objectif des auteurs de l’amendement.

    M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?

    M. Xavier Bertrand, ministre. Le Gouvernement s’en remet à la sagesse de l’Assemblée.
    Initialement, j’étais tenté d’émettre un avis défavorable et de vous dire que cette ordonnance serait revue à l’occasion de la proposition de loi Fourcade. Mais celle-ci n’a pas vocation à être un fourre-tout. Je ne peux donc pas vous garantir que la question sera examinée dans ce cadre.
    Nous serons donc amenés à retravailler nous-mêmes ce qui relève du pouvoir réglementaire, donc de l’ordonnance, dans un climat de totale concertation – je ne dis pas « codécision », car nous ne serons peut-être pas d’accord avec tout le monde. Il y a certainement des sujets qui, comme celui-ci, sont à revoir.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Touraine.

    M. Jean-Louis Touraine. Je suis favorable à l’amendement, que j’avais même proposé de cosigner. En commission, monsieur le ministre, vous nous disiez exactement ceci : « Je suis prêt à examiner la situation et à revenir, au besoin, sur l’ordonnance. Si vous faisiez des propositions à cet égard, ma tâche serait facilitée. » Nous avons à cœur, monsieur le ministre, de vous faciliter la tâche et d’abroger, pour ce faire, l’ordonnance. (Sourires.)

    M. le président. La parole est à M. Jean-Yves Le Déaut.

    M. Jean-Yves Le Déaut. Je suis également prêt à m’associer à cet amendement, dont nous avons été saisis très tardivement lorsqu’il a été présenté dans le cadre de la loi HPST, dans laquelle il faisait un peu figure de cavalier.
    Si l’on veut que l’organisation de la recherche, des soins et de la thérapeutique dans les facultés de médecine se fasse de manière pluridisciplinaire, il ne faut surtout pas maintenir cette ordonnance.
    J’ai moi-même été, au cours de ma carrière, après mon doctorat ès sciences, assistant de faculté et assistant des hôpitaux. J’ai donc participé à des activités de biologie médicale. C’était possible, comme c’est possible au Canada, aux États-Unis et dans la plupart des pays développés. Depuis cette ordonnance, il n’est plus possible à des scientifiques, à des pharmaciens, de travailler en coopération au sein d’équipes pluridisciplinaires dans des laboratoires de biologie médicale. Je suis donc totalement favorable à la suppression de cette disposition de l’ordonnance, dont les rédacteurs n’avaient sans doute pas perçu toutes les conséquences.

    M. le président. La parole est à Mme Catherine Génisson.
    Mme Catherine Génisson. Je m’avoue perplexe.

    M. Xavier Bertrand, ministre. L’hôpital d’Arras va fermer ! (Sourires.)

    Mme Catherine Génisson. Non, il n’est pas question d’Arras, je n’en ferai pas une affaire personnelle, comme M. Le Déaut.
    Il me semble que ces personnes que l’on évoque conservent la possibilité de participer aux recherches. Ce qu’elles ne peuvent plus être, c’est professeur titulaire de chaire. Mais n’est-il pas logique que, pour être professeur titulaire de chaire au titre d’une spécialité x ou y, il faille avoir des compétences dans ces spécialités ?
    Peut-être comprends-je mal l’enjeu, mais je suis un peu dubitative. J’ai été interpellée, inversement, par des personnalités ayant les diplômes ad hoc à qui l’on a refusé une chaire parce que d’autres personnalités, sans doute très compétentes et plus en vue, mais qui n’avaient pas le diplôme, occupaient la chaire, interdisant ainsi à des jeunes ayant la spécialité en question d’y accéder.
    J’avoue donc ma perplexité par rapport aux arguments développés par les uns et les autres, à moins qu’il y ait un aspect qui m’échappe.

    M. le président. La parole est à M. Jean-Sébastien Vialatte.

    M. Jean-Sébastien Vialatte. Nous ne sommes pas dans le cadre de la recherche, mais dans celui du diagnostic. Il s’agit de faire des diagnostics génétiques.
    Le texte comportait initialement le terme « laboratoire de génétique », ce qui ne faisait pas problème. Maintenant, il comporte le terme : « laboratoire de biologie médicale », ce qui fait problème puisque les directeurs de laboratoires de génétique ne sont pas des biologistes médicaux. Il s’ensuit qu’un certain nombre de services hospitaliers vont se trouver dépourvus de chefs de service ayant les bons diplômes.

    M. le président. La parole est à M. Olivier Jardé.

    M. Olivier Jardé. Je répondrai à Catherine Génisson que le Conseil national des universités compte 43 sections ; toutes les spécialités médicales n’y sont donc pas représentées. La biologie, par exemple, n’y existe pas. Un agrégé, qui va passer le concours, peut avoir de multiples antécédents et faire de la biologie médicale : il peut être toxicologue, ou généticien, et pas forcément biologiste. Ces personnes-là ne pourront plus passer le concours. Là est le problème, que vous confirmera Jean-Louis Touraine.
    Il y a aussi la question des infirmières. Avec cette ordonnance, une infirmière n’a même plus le droit de procéder à des prélèvements dans son propre cabinet. Il faut qu’elle aille dans un cabinet de biologie médicale. C’est la même chose, comme vient de le dire Jean-Sébastien Vialatte, pour les laboratoires de génétique. Le système est devenu excessivement restrictif.

    M. le président. La parole est à M. Guy Lefrand.

    M. Guy Lefrand. Je voudrais revenir sur ce que vient de dire Olivier Jardé. Nous avons été interpellés par les infirmières libérales qui vont se trouver empêchées, alors même que nous essayons de favoriser le maillage du territoire par les professionnels de santé libéraux, de faire de prélèvements, à moins de se déplacer à domicile, avec le coût que cela suppose et le temps que cela prend, ou d’aller les faire dans un laboratoire de biologie médicale.
    Je crois donc qu’il faut vraiment retravailler cette ordonnance, car nous faisons face à des situations aberrantes dans certains territoires en difficulté.
    M. le président. La parole est à Mme Catherine Génisson.

    Mme Catherine Génisson. Je ne souhaite pas allonger inutilement les débats, mais pourquoi ne pas revenir à la dénomination « laboratoire de génétique », ce qui résoudrait tous les problèmes ? J’ai un peu l’impression qu’il s’agit de protéger des prés carrés…

    M. Jean-Yves Le Déaut. C’est le contraire !

    (L’amendement n° 17 est adopté.)
     

    Abrogation de l'Ordonnance Ballereau : le texte de l'amendement 17.

    Amis Biologistes, bonsoir.

    Pour alimenter votre réflexion personnelle, je vous propose ci-dessous le texte de l'amendement qui suspend (provisoirement?) l'Ordonnance Ballereau. 

    GdM
    PS : Remarquez le très intéressant adjectif "imminents", les auteurs ont-ils voulu dire "éminents"? Amis linguistes, votre concours est le bienvenu.


    ASSEMBLÉE NATIONALE
    4 février 2011
    BIOÉTHIQUE - (n° 3111)

    Commission

    Gouvernement

    AMENDEMENT N° 17

    présenté par

    M. Jardé, M. Vialatte, M. Domergue, Mme Poletti et Mme Boyer

    ----------

    ARTICLE ADDITIONNEL

    APRÈS L'ARTICLE 4, insérer l'article suivant :

    L’ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale est abrogée.

    EXPOSÉ SOMMAIRE

    L’ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale telle qu’elle est rédigée, interdit l’exercice de la biologie médicale à des chercheurs non diplômés de biologie médicale, notamment dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation.

    L’ordonnance pose donc de nombreux problèmes que ce soit à l’hôpital public qu’aux laboratoires d’analyses médicales privés. Ainsi que l’a souligné la ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche lors de la discussion sur la proposition de loi relative aux activités immobilières des établissements d’enseignement supérieur, cette ordonnance contient des contradictions et des incompréhensions qui interdit à d’imminents professeurs de continuer d’occuper une chaire faute d’avoir fait des études qui mènent directement à la biologie.

    Aussi, il convient d’abroger cette ordonnance qui n’a toujours pas été ratifiée par le Parlement et d’écrire, dans un délai raisonnable, un nouveau texte régissant l’exercice de la biologie médicale.



    URGENT : L'Ordonnance Ballereau qui réforme la Biologie médicale a été abrogée !!

    Amis, biologistes, bonjour.

    Voilà une information qui fait l'effet d'une bombe dans le milieu de la biologie médicale : au cours de l'examen de la loi de Bioéthique, les députés ont adopté hier soir un article qui abroge l'Ordonnance du 13 janvier 2010. La réforme dite "Ballereau" et tout ce qui en découle (le blog s'en fait l'écho depuis septembre 2008) est suspendue.

    Le temps de croiser quelques sources d'informations et je reviendrai ici-même pour tenter une petite explication de texte. En attendant, n'hésitez pas à commenter.

    Biocliniquement vôtre.

    GdM


    mardi 8 février 2011

    Chroniques d'une réforme en France.

    Amis Biologistes, bonjour.

    Les patients continuent à ressentir les conséquences de la nouvelle législation sur la biologie médicale. Dans la veine du post précédent, le site du journal La Nouvelle République nous donne un autre exemple concret. Des rumeurs ont circulé qu'un laboratoire du Cher, le Laboratoire Berry Sologne,  allait fermer un de ses quatre sites, situé à Romorantin.  La direction a dû démentir ses rumeurs et rassurer  les patients mais aussi les salariés. Le laboratoire est certes en plein regroupement mais le site romorantinais continuera d'assurer les prélèvements et l'interprétation des résultats.
    Ainsi va la nouvelle biologie. Si vous, ami biologiste, patient ou professionnel, de santé avez connaissance d'une situation similaire, faites-en nous part dans un commentaire.

    Biocliniquement vôtre,
    GdM